Chroniques au fil de mes humeurs, de mes intuitions, de mes envies, de mon inspiration , de la vie quotidienne, quoi !
Article à la une
Véronique Lesaffre auteure
10 juin, 18:35 · Éloge de la patience.
J’aime la patience de l’agriculteur qui s’apprête à faire 10 kilomètres à 20 km/h dans son petit tracteur et qui sera en retard pour le dîner. J’aime la patience de la petite mamie qui arrache une à une les herbes folles au bord de son trottoir et qui recommencera après la prochaine pluie. J’aime la patience de l’enfant qui attend dans le hall d’entrée de la banque que papa et maman aient fini ce rendez-vous important pour réclamer une viennoiserie. J’aime la patience de la plante verte qui attend d’être arrosée pour préparer de nouvelles pousses. J’aime la patience de la jeune fille qui attend ses résultats de concours en bouquinant au jardin. J’aime la patience du cafetier qui attend que la dernière goutte de café soit tombée dans la tasse avant de la servir. J’aime la patience du jeune homme qui attend que son petit frère ait fini de faire ses lacets pour pouvoir le chatouiller. J’aime la patience du dernier chaton qui attend pour téter. J’aime la patience du père de famille qui attend que son fils ait gravi tout seul les marches du toboggan avant de le rattraper après sa glissade. J’aime la patience de la fourmi qui déplace une feuille trop lourde pour elle, pas à pas, lentement mais sûrement. J’aime la patience des fleurs jaunes d’onagre qui attendent le soir pour s’ouvrir et qui mourront le lendemain. J’aime la patience de celle qui installe une nouvelle bobine de fil sur sa machine à coudre. J’aime la patience de ceux qui lisent les posts jusqu’à la fin !
Véronique Lesaffre auteure
17 juin, 10:29 · Ce matin, j’ai rendez-vous pour le contrôle technique de ma petite voiture. Je me rends dans mon centre habituel et je m’imagine déjà déambuler dans le Centrakor situé juste en face. Elle a dit 3/4 d’heure de rendez-vous, ça me laisse le temps de m’imprégner des couleurs et des matières tendance du moment, de m’émerveiller devant un objet ménager astucieux pour ranger les éponges ou de regarder les prix des bouées. Je n’ai rien à y acheter mais je vais pouvoir rêver d’un hamac ou d’ un déjeuner au jardin dans un fauteuil très confortable, déjà agencer et trouver une place pour un petit oiseau décoratif en plâtre ou un coeur en métal. Laisser divaguer mon imagination au gré des citations feel good des diverses pancartes de cuisine ou de chambre. Bref, j’y suis. Je me gare, ne mets pas le masque puis le mets pour rentrer à l’accueil déposer mes clés et ma carte grise ( que je n’ai pas sortie depuis 2 ans mais qui est bien là où je l’avais rangée !). Et là, un jeune charmant m’annonce que je ne suis pas sur son planning ce matin. « Vous venez pour un garage ? ( ah ça c’est vrai que la dernière fois, c’était le garage qui l’avait fait ce contrôle ) .-Je suis bien chez Autosur ? -Ah, vous êtes chez Autosec. Autosur, c’est de l’autre côté de la ville. »Là, c’est le drame, je vois s’effondrer tous mes projets de rêveries matinales entre les photophores et les curvers…Je remercie mon interlocuteur et me remercie d’être toujours en avance à un rendez-vous, je vais pouvoir être à l’heure, ailleurs.
Je me retrouve donc dans une zone industrielle, pleine de bruits de gros camions et de machines, le masque sur le nez, dans une salle d’attente vide à me demander si, vu que la porte est ouverte, on serait pas un peu à l’extérieur
et à tapoter des lettres sur mon portable !
À ma fille,
Ce matin je te vois attendre avec peu d’enthousiasme ta « visio » du jour et je ne peux m’empêcher de culpabiliser. Je suis ta mère, il faudrait que je te demande de te motiver, je devrais te dire que tu as de la chance d’avoir une famille à tes côtés, de vivre à la campagne, d’être en bonne santé, mais cela sonne creux pour moi. Je rage de te voir SUR ton lit, SUR ton téléphone.. et pas DANS la vie. Mais que puis-je te proposer ? Je me sens démunie. J’aurais envie de t’obliger à lire la pièce de Molière qui devrait être travaillée en classe mais mon instinct me retient. Quelle vision du théâtre as-tu, toi, aujourd’hui ? La farce sur les parvis d’église m’était déjà bien étrangère quand j’avais ton âge, qu’en est-il pour toi ? Expérimenteras-tu du théâtre de rue, du théâtre devant lequel on s’arrête parce qu’il y a foule ou parce que les acteurs crient plus fort que le poissonnier du marché ? Ne serait-ce pas finalement te blesser que de te contraindre à prendre en pleine face le monde d’avant et d’encore avant ? Je pourrais aussi te forcer à continuer à travailler la danse, activité qui te prenait tellement de temps, d’énergie et de plaisir. Tu as fait consciencieusement les exercices en vidéo l’an dernier mais désormais, au bout de tant de mois, je n’ose même plus te transférer les messages de tes professeures. Je sais que cela te fera mal d’y penser surtout après l’illusion d’une reprise « normale » en septembre. Je sais qu’il est difficile pour toi de repenser à cette scène le soir du gala qui te faisait si peur mais qui te rendait si fière le lendemain avec les copines. Je n’ai pas les clés. Mon cœur oscille constamment entre soigner les plaies béantes que ces derniers mois laissent dans ta construction de jeune fille en te laissant toute liberté à la maison, en acceptant tout ce qui pourrait t’arracher un sourire, une impulsion même fugace « parce que bon, on n’a pas vécu ça à ton âge », et garder des règles, des contraintes telles que limiter les temps d’écran, attendre d’aller dans un magasin pour acheter un objet, réguler les horaires, refuser les sorties quand les résultats ne suivent pas…. Comme avant. J’ai l’impression qu’au-delà de l’écart de génération et des relations fille-mère, qui ont, de tout temps, été complexes, nous ne parlons plus la même langue. Tu as repeint ta chambre l’an dernier avec ferveur lorsque que le monde s’arrêtait de tourner: j’en étais très fière. Aujourd’hui, tu as le réflexe du masque partout et tout le temps, tu fais des « paniers » de vêtements en ligne, tu suis tes cours en pyjama, tu ne fais plus de plans à long terme, chaque événement programmé est suivi d’un point d’interrogation…Tu es résignée. Résilience ou soumission, je ne sais pas quoi penser (panser ?).Au moment où j’écris ces lignes, tu es dans la cuisine, un bout de fromage entre les mains, en pyjama et en tongs, à écouter des explications sur une expérience à travers un écran, tu t’appliques à écrire bien droit sur ton cahier et encadrer le titre comme si de rien n’était. Tu te réjouis de fêter tes 16 ans cette semaine. La seule chose dont je peux être convaincue, c’est que l’adaptabilité sera ton blason dans le grand jeu de l’avenir. Que ton monde demain soit ultra-technologique ou un retour à l’âge de pierre, que tu avales une capsule pour manger ou que tu doives faire pousser ton propre blé, tu y mangeras sans difficulté. Après la pluie vient le beau temps et pourquoi pas, même, entre les deux, nous arrêter et admirer ensemble un arc-en-ciel !

Véronique Lesaffre auteure se sent libre.
1 juin, 17:26 · Oh et puis zut, je bronze !
Oh et puis zut, je bronze !Ça a commencé dès potron-minet par les gazouillis des oiseaux et l’air doux et chaud monté du jardin jusque dans la salle de bains. Après, c’est la visite au supermarché qui m’a titillée : des étals dégoulinants de « tout pour le barbecue » (saucisses, cure-dents, maïs, bière etc.), des maillots de bain, de l’autobronzant et des chaises longues !À la radio, on chante l’arrivée de l’été et le simple toucher du gilet brûlant laissé sur le siège passager m’invite à changer de tenue.Le ciel est « bleu vacances » aujourd’hui.Il y a mille choses sur ma to do list cet après-midi (appeler l’assureur, réinscrire ma fille aux transports scolaires, nettoyer ma voiture avant le contrôle technique, finir un document, ranger …) Mais j’ai bien le temps de passer un moment dehors, hein ? Ne serait-ce que par respect pour ceux qui sont enfermés dans un bureau et qui aimeraient bien avoir ce choix.
Je décide que ce sera un bon compromis de commencer par vider ma voiture… Une chaude ambiance règne devant la maison, j’ai de plus en plus envie de vérifier si la température est la même sur mon transat !Après tout, une petite heure à ne rien faire, les doigts de pieds en éventail, c’est sûrement très bon pour moi, pour mon « rayonnement » personnel.
Et puis, j’aurai certainement plus la pêche pour le reste…. Après.
Alors, c’est parti : lunettes de soleil, crème solaire, un bouquin, portable ou pas? Allez, on ne sait jamais le père Noël pourrait appeler !Enfin, je m’allonge. Ah mince, il faut mettre la tête à l’ombre, il fait trop chaud, là.Au bout de dix minutes de discussion avec ma chaise longue, on est bien.Juste mon corps et moi dans un bain de jouvence. Un peu de musique dans les oreilles, quelques pages lues, quelques allers-retours sur Instagram et cette sensation d’être dans un lit de coton douillet sous une veilleuse comme un petit poussin. Je ferme les yeux, je suis ravie. Je rouvre les yeux, tout est toujours là, tranquille.Et puis, au bout d’une demi-heure, je ne sais pas si c’est la vue du ballet infatigable des abeilles butineuses qui a eu raison de moi ou la couleur de mes pieds qui virent à l’écrevisse, je quitte ma petite bulle de soleil pour…Écrire un petit texte, tiens !
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